Les Rencontres YPAL et le Festival FARaway – Festival des Arts à Reims sont intrinsèquement liés, formant ainsi une synergie artistique et culturelle.
La 5e édition du Festival, qui s’est déroulée du 30 Janvier au 10 Février a rassemblé cette année plus de 150 artistes pour 35 spectacles répartis sur une dizaine de scènes rémoises. Elle a mis en lumière les artistes du pourtour de la Méditerranée, espace de rencontres, d’échanges et de luttes sociales, politiques et économiques.
Ce voyage dans les eaux méditerranéennes a été une invitation à porter un regard sensible sur la créativité pluridisciplinaire de cette région habitée de peuples aux histoires et identités plurielles.
Les représentations offertes lors des Rencontres YPAL sont alignées sur la programmation existante du festival FARaway. Cela garantit une diversité artistique et culturelle, offrant aux participants la possibilité d’explorer différentes formes d’expression artistique présentées dans le cadre du festival. Cette intégration permet également aux YPAL de s’immerger pleinement dans l’atmosphère du festival et de découvrir des spectacles sélectionnés pour leur qualité et leur pertinence par les organisateurs de FARaway.
Voici les propositions artistiques présentées lors des Rencontres YPAL.
Insel, Ginevra Panzetti et Enrico Ticconi
Au Manège le 09/02
Texte écrit par Alix Pasqualini – Sciences Po Reims
La pièce Insel nous transporte instantanément dans un univers singulier, offrant une immersion totale dès les premiers instants. La notion d’insularité est clef et émerge de manière saisissante. Nous nous retrouvons confrontés à un naufragé solitaire sur une île déserte dont la descente vertigineuse dans les tréfonds de son narcissisme constitue le fondement de cette danse.
Elle est composée de quatre interprètes, organisés en deux duos, chacun suivi par le poids symbolique de leur ombre, qui prend une place de plus en plus importante. Le spectateur reste saisi sur sa chaise, lui aussi victime de ce fardeau qui nous place dans un état constant entre incompréhension et angoisse.
Cet effet était très largement amplifié par l’utilisation pertinente du son pour créer une ambiance, ici grâce aux chants traditionnels sardes, ajoutant une dimension supplémentaire à cette allégorie.
Ainsi, Insel ne vise pas à être explicite mais plutôt à engager le spectateur dans une expérience visuelle et émotionnelle car la pièce ne cherche pas à répondre à nos attentes mais à nous surprendre et nous amener à nous interroger.
Il Tango delle Capinere, Emma Dante
A la Comédie, le 10/02
Texte écrit par Alix Pasqualini – Sciences Po Reims
La pièce Ballarini nous invite à un voyage à travers le temps, guidé par différentes musiques des années 60 et 70 qui ponctuent les moments clés de la vie d’un couple de personnes âgées. C’est une pièce sur la beauté de la vie, à la fois drôle et prenante. On y découvre la vie d’un couple qui se laisse porter par l’insouciance à travers leur vie en Sicile, leur terre natale. La musique et la langue utilisées dans la pièce en sont les témoins et fonctionnent comme des vecteurs pour porter le spectateur dans leur culture.
Il Tango delle Capinere nous entraîne dans une forme de mélancolie profonde, nous permettant de nous identifier aux événements qui se déroulent sur scène, comme s’ils reflétaient nos propres vies et celles de chacun : on y dévoile les hauts et les bas de notre existence, nos espoirs et nos inquiétudes. Bien que la pièce soit en italien, elle transcende
les barrières linguistiques pour toucher à l’universalité des émotions et des expériences
humaines. Chaque morceau de musique devient ainsi le symbole d’un moment de vie
auquel tout individu peut se rattacher.
Belboul de Massenet, Alexandra Lacroix et Farnaz Modarresifar
A l’Opéra, le 10/02
Texte écrit par Alix Pasqualini – Sciences Po Reims
Dans cette opérette, l’intrigue se centre autour de questions contemporaines sur la place de la femme et ses dialogues reflètent le contexte quelque peu misogyne de l’époque, Belboul
étant jugée comme impossible à marier au vu de sa laideur aux yeux du monde. Si l’opérette Cet Adorable Belboul de Massenet ne cherchait pas à questionner et à mettre en lumière, c’est exactement ce que font Alexandra Lacroix et Farnaz Modarresifar avec leur pièce. En retravaillant l’oeuvre pour la mettre aux gouts du jour, elles ont prouvé la pertinence du message qu’elles cherchent à faire passer sur la condition de la femme à l’époque mais également encore aujourd’hui.
L’utilisation d’un voile en est l’exemple le plus parfait : notre compréhension actuelle nous invite à réfléchir à la fois sur les standards de beauté et l’image de soi-même mais aussi sur la question plus contemporaine autour du port du voile.
À mes yeux, l’art trouve sa plus grande pertinence lorsqu’il sert à éveiller les consciences, et c’est précisément ce que sont parvenues à accomplir Alexandra Lacroix et Farnaz Modarresifar. À travers leurs choix artistiques et la forme même de l’opérette, elles parviennent à semer dans l’esprit de chaque spectateur une graine propice à susciter des questionnements et à stimuler une quête de compréhension sur nos idées que nous considérons comme inhérente à notre condition humaine.
Club Méditerranée, Derya Yildirim, Grup Simsek, Hanna Ouassim, Glitter 55
A La Cartonnerie, le 10/02
L’Orient et l’Occident se rapprochent à travers la musique contemporaine turque et marocaine. Derya Yildirim & Grup Şimşek fusionnent classiques turcs et compositions originales avec des arrangements inventifs. Hanaa Ouassim, de ses percussions traditionnelles à ses compositions électroniques, démontre une polyvalence impressionnante. Glitter55, originaire de Rabat, offre des DJ sets dynamiques et syncopés.
Cargo, d’Anne de Giafferi et Christian Delecluse
Saint Ex- Culture numérique, le samedi 10/02/24, présenté par Césaré
L’installation “Cargo” a été ajoutée au programme des YPAL avec deux créneaux prévus le samedi. Cette expérience sonore immersive explore les divers récits de migration en Méditerranée, offrant une réflexion sur les frontières politiques et symboliques. Réalisée en collaboration avec des chercheurs, elle met en lumière les échanges entre les peuples et les flux migratoires contemporains. Une quinzaine d’YPAL ont participé à cette expérience.
Rémanenc.es de Grégoire Gamichon
Rémanenc.es, issu d’une réfl exion sur la peur de l’oubli, vise à constituer une mémoire collective et immatérielle. À travers des carreaux de céramique et des QR Codes, il permet de recueillir les souvenirs des habitants des lieux où il est déployé.
Chaque carreau, fabriqué à la main, est associé à une version numérique de son emplacement grâce à un QR Code unique. Les YPAL ont pu profiter de cette installation dans le cadre de la Chasse au Trésor, et ont pu rencontrer le créateur du projet.